André Everard Van Braam Houckgeest, Voyage de l’Ambassade de la Compagnie des Indes Orientales Hollandaises vers l’Empereur de la Chine dans les Années 1794 & 1795 . . . , vol. 1, Philadelphia 1797, pp. 275–276.

1795. 17 Février.

Durant notre court séjour dans le village de Fan-koun ce matin, j’ai eu l’occasion de remarquer, de la part d’un raccommodeur de chaudrons, ce que je ne crois pas qu’on sache faire en Europe. Il réparait & soudait des poëles a frire, de fer fondu, qui étaient trouées ou fendues, & les rétablissait dans leur état primitif, de manière à s’en servir comme auparavant. Il prenait même si peut de peine pour y parvenir, & il réussissait si promptement, que j’en fus étonné, & que cela doit sembler impossible à quiconque me l’a pas vu.

Tout l’attirail de l’ouvrier consiste dans une petite caisse de six pouces [15 cm] de large, seize pouces [40 cm] de long, & dix-huit pouces [45 cm] de haut, divisée en deux parties. Celle du dessus contient trois tiroirs avec les ingrédiens nécessaires. Dans la partie d’en bas est un soufflet pour le fourneau, qui est large de quatre pouces et long du double, & auquel on adapte le soufflet lorsqu’on veut allumer le feu. Les creusets das lesquels on fait fondre les petits morcesux de fer destinés a la soudure, sont un peu plus grands que la tête d’une pipe ordinaire, & faits avec la terre qu’on y employe en Europe; l’action de souder s’exécute en trois ou quatre minutes.

L’ouvrier qui reçoit la matière en fusion au sortir du creuset, sur un papier mouillé, la conduit sur un des trous ou des fentes de la poële & l’y applique, tandis que son compagnon unit cette matière en en raclant la superficie, & la frotte ensuite avec un morceau de linge mouillé. La nombre des creusets qu’on a jugés nécessaires sont ainsi successivement vidés pour boucher tous les trous avec la matière qui se consolide & fait corps avec la pièce trouée, comme si celle-ci n’avait jamais été altérée.

Le fourneau que j’ai vu, pouvait contenir huit creusets à la fois. L’ouvrier le couvrait d’une pierre pendant que la fusion s’opérait, afin d’augmenter l’intensité de la chaleur.



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